Jusqu'où
peut-on aimer, poursuivre,
détenir
Jusqu'où
peut-on aimer, poursuivre,
détenir ?
Quand a-t-on épuisé la quantité
des yeux ?
Quand vient l'heure où l'esprit
se vante de finir
Ce repas renaissant, intact et
captieux ?
Avoir ne donne rien à l'appétit
sans terme,
Tout est commencement et
dérisoire effort ;
Quel est ce gain léger, cette
avance, ce germe,
Tant que tu m'éblouis et que tu
n'es pas mort ?
— La concluante mort cependant
serait vaine,
J'ai besoin que tu sois quand je
ne vivrai plus ;
Je tremble d'emporter dans le
froid de mes veines
L'éclat mystérieux par lequel tu
m'as plu...
Des
autres Poèmes d'Amour
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Pourquoi
ce besoin fort et triste
Pourquoi ce besoin fort et
triste
De voir haleter et languir
Dans la détresse du plaisir
Le corps rêveur que l'on
assiste ?
Espère-t-on ainsi capter
La part de l'âme inviolable,
Et voler, par la volupté,
A l'être épars et dévasté,
Sa solitude insaisissable ?
— Ah ! pouvoir excéder mes
droits,
Pouvoir te dérober dans l'ombre
Ton secret, tes forces, tes
lois,
Et sentir que ton désarroi
Appartient à mon âme sombre
Plus que je n'appartiens à toi !
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