Quand
mon esprit fringant
Quand mon esprit
fringant, et pourtant aux abois,
A tout le jour souffert de sa
force prodigue,
L'heure lasse du soir vient
m'imposer son poids ;
Merci pour la fatigue !
Peut-être que la peur,
l'orgueil, l'ambition
Peuvent, par leur angoisse aride
et hors d'haleine,
Recouvrir un instant ma triste
passion ;
Merci pour l'autre peine !
Rétrécissant sur toi le confus
infini,
Je ne situais plus que ton cœur
dans l'espace ;
Le sombre oubli des nuits te
rend ta juste place;
Le sommeil soit béni !
Parfois, abandonnée à ma hantise
unique,
J'ignore que le corps a ses
humbles malheurs,
Mais la souffrance alors
m'aborde, ample et tragique ;
Merci pour la douleur !
N'octroyant plus au temps ses
bornes reposantes,
Tant le désir rêveur m'offre ses
océans,
Tu me désapprenais la mort ;
elle est présente ;
Merci pour le néant...
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Je
voudrais bien qu'on départage
Je voudrais bien qu'on
départage
Le double vœu qui me combat:
— Je souhaite ne vivre pas,
Mais je veux revoir ton visage!
Certes, la mort est le seul lieu
Qui convienne à ce corps trop
triste,
Mais il faut encor que
j'existe :
Je ne peux pas quitter tes yeux!
L'espace, le ciel, la nature
Me plaisent moins que le
tombeau;
Je n'aime plus nulle aventure,
Mais savoir que tu vis est beau
Savoir que tu vis, être sûre,
D'être seule à le savoir tant!
Dois-je te faire la blessure
De te rendre moins existant ?
Qui veux-tu qui jamais respire
Ton être avec tant de grandeur?
— Et songe que tu me fais peur,
À moi, la meilleure et la
pire!...
Des
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