Comment ma muse pourrait-elle
manquer de sujet tant que de ton
souffle tu verses dans mon vers ton
ineffable argument, trop parfait
pour être confié à un papier
vulgaire ?
Oh ! remercie-toi toi-même, si tu
trouves chez moi rien qui vaille la
peine que tu le lises ; car quel est
l’être assez muet pour ne rien
pouvoir te dire, quand toi-même tu
donnes la lumière à son invention ?
Sois pour lui la dixième Muse,
dix fois plus puissante que ces neuf
vieilles invoquées par les rimeurs :
et celui qui t’invoquera produira
des nombres éternels qui survivront
aux dates lointaines.
Si ma muse légère charme l’avenir
curieux, qu’à moi en soit la peine,
mais à toi l’éloge !
Trad. de François Victor Hugo
Les
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