Sur
la solitude
Cesse d'aimer le siècle et ses fausses maximes,
Quitte un bien passager pour un bien éternel,
Et, t'offrant à ton Dieu par un vœu solennel,
Brûle du feu sacré qui brûle ses victimes.
Ne livre plus ton âme à l'horreur de tes crimes,
Dépouille le vieil homme et son esprit charnel,
Et, fuyant les plaisirs du monde criminel,
Défend même à tes sens les plaisirs légitimes.
Lasse-toi d'inviter la colère des cieux,
Cours à la pénitence et viens dans ces saints lieux
Où les cœurs n'ont que Dieu pour objet de leur
flamme.
Mais n'attends pas de toi ces généreux efforts
Si Dieu ne rend ton corps esclave de ton âme,
Ton âme est pour jamais esclave de ton corps
Gomberville (1600-1674)
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Jésus,
puisqu'en toi seul...
Jésus, puisqu’en
toi seul mon dessein se termine,
Je consacre ce livre à tes derniers abois ;
Tes tourments sacrés-saints font que je te
le dois,
Comme un humble présent dont ils sont
l’origine.
Le papier précieux de cette chair divine,
L’encre de ton beau sang, la presse de la
croix,
T’ont fait l’original dont par un digne
choix,
J’entreprends la copie et décris la
doctrine.
Vrai livre des élus, dont les saintes leçons
Fournissent de matière à mes faibles
chansons,
Enseigne-moi le sens de ces sanglants
mystères.
Et m’échauffant le sein de ton esprit
vainqueur,
Marque-moi, Dieu d’amour, de tes saints
caractères,
Et de ta propre main trace-les dans mon
coeur..
Zacharie de Vitré (XVIIe siècle)
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